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Transat retour St-Georges (Bermudes) à Horta (Acores)

C’est sous le tintamarre des clairons, soufflé par nos copains pour nous souhaiter bon vent, que nous partons le cœur lourd des Bermudes. Allez, le 6 mai, c’est la Ste Prudence, c’est un signe non ?

Comme prévu pour ce premier jour, nous filons bien au nord de notre cap. Nous partons avec un vent dans le nez ! Mais quelle idée :-). Normalement, d’ici quelques jours nous devrions reprendre une route directe. Nous apercevons quelques voiles au loin, un petit rien qui nous rassure et nous indique que nous ne sommes pas les seuls à avoir choisi cette fenêtre météo.

dej

Premier p'tit dej sans être à moitié malade!

Depuis le jeudi 09 mai au soir, nous avançons bien et dans le cap. Il y a toutefois la présence d’un fort courant, le Gulf Stream, qui nous déporte vers le nord. Nous sommes donc obligés de compenser le cap en serrant le vent au maximum. Nous sommes vraiment penchés, penchés, à 45 degrés!

occupation

On s'occupe.

Le restant de la semaine se passe bien. Nous sommes toujours bien penchés, mais rien à redire, puisque nous faisons à peu près nos 100miles par jour et dans la bonne direction. Nous voyons quelques cargos et voiles au loin, ce qui nous distrait un certain temps, mais ils finissent toujours par nous doubler, ce qui nous vexe et nous rentrons bouder/bouquiner à l’intérieur.

matin

Un autre jour se lève.

Lundi 13 mai au matin, vent dans le nez ! Nous prenons une météo. Elle n’indique rien de bon. Pour les 4 prochains jours, vent fort, voire très fort et dans le pif ! Il n’y a aucune issue de secours, remonter très au nord ne sert absolument à rien car il n’y aura pas de vent favorable. Idem pour le sud. Nous sommes vraiment largués, nous ne savons pas quelle stratégie adopter. Et toujours ce fichu courant qui nous déporte au nord ! Toute la journée, nous sommes obsédés par la météo et le cap ! Pour couronner le tout, une dépression traine dans les parages et nous ne connaissons pas encore sa trajectoire.

dodo

Dodo!!

En fin de journée, après avoir étudié la météo sur le PC pendant bien 1heure, nous optons pour la tactique du « prés ultra serré ». Objectif, essayer au maximum de ne plus s’éloigner de notre ligne. Nous y arrivons plus ou moins bien mais par contre, notre vitesse tombe en chute libre. On est autour de 2-3 nœuds maximum. Il y a maintenant 25 nœuds de vent dehors, la mer commence à grossir et il va falloir serrer les dents pendant les 4 prochains jours à venir !

Pour passer le temps et consoler notre consternation face à cette météo, nous cherchons l’explication de ces conditions météorologiques. Nous n’avions jamais lu qu’il était possible d’avoir des vents dominants d’est pendant plus de 2 mois sur cette traversée, et encore moins en partant des Bermudes ! En théorie, nous aurions du être vent de travers, voire, poussé par le vent. Nous trouvons enfin la réponse dans le livre « Routes de grande croisière » de Jimmy Cornell. Je cite « occasionnellement, des vents d’est peu fréquents ralentissent les bateaux qui vont vers les Açores au printemps. Ceci est dû à l’anticyclone des Açores qui se trouve beaucoup plus au nord que sa position habituelle pendant une période anormalement longue, permettant ainsi à des vents d’est d’être ressentis jusqu’au 40°N. Dans de telles circonstances, même la tactique qui consiste à faire du nord pour toucher les vents dominants d’ouest sera inutile. » Voilà qui nous rassure… mais qui ne nous aide pas :-)

Le mercredi 15 mai, nous sommes au plus fort des vents et la mer est devenue bien grosse avec une houle de 2-3mètres. Il fallait s’en douter, alors que depuis 2 jours pas un chat à l’horizon, nous croisons durant la nuit 3 cargos dont un excessivement trop prêt ! Il est 1h30 du matin, Lauriane est de quart, et nous ne pouvons pas être plus au milieu de l’atlantique, à 900 miles des côtes, en plein milieu de notre trajet ! Notre AIS détecte un cargo avec lequel nous sommes en route de collision. Nous l’appelons et heureusement il répond rapidement. Il nous confirme qu’avec cette mer bien formée il ne nous voit pas à son radar. Alex tente alors de lui donner notre position, mais cela prend trop de temps et il se rapproche dangereusement. Lauriane saute alors sur la barre pour tenter de forcer Aloha à passer derrière lui et Alex prie le capitaine de bien vouloir appuyer sur le champignon pour faire avancer son engin de 240mètres un tantinet plus vite ! La manœuvre est réussie et nous passons 300m derrière lui. Nous lui confirmons par radio que nous sommes bien derrière lui et nous nous souhaitons bonne nuit, la voix encore tremblante.

trace

Le point rouge, c'est nous, en plein milieu de l'Atlantique, 900 miles devant, 900 derrière et....

cargo

Et en pleine route de collision, 25 noeuds de vent au près, 3m de houle. Et on entend que les routes de collisions, ça n'existe pas...

Le reste de la semaine est vraiment idyllique. Nous glissons sur une mer lisse, un soleil radieux, en compagnie de beaucoup de dauphins, baleines et orques. Nous en profitons pour réparer les 2 ou 3 petites choses qui ont souffert pendant ces 4 jours (1 poulie, la couture du bimini, le pilote automatique, etc.).

dauphins

Compagnons de route.

thon

Le premier poisson depuis des lustres !!

Le lundi 20 mai, ça recommence. Une dépression nous rattrape et comprime l’anticyclone. Résultat, vent d’est (donc dans le nez) pour les 3 prochains jours, entre 20 et 25 nœuds, mais, sous le soleil ! Nous sommes donc à nouveau consignés à l’intérieur.

Dans l’après midi du 23 mai, le vent mollit jusqu’à tomber complètement. Nous entrons dans les hautes pressions de l’anticyclone. Nous passons donc à la brise Diesel.

flores

A plus de 60 miles nautiques (120Km), Terre en vue !!! Flores.

Le 26 mai, 7h du matin, heure locale, un sourire immense sur nos visages, nous agitons les bras vers les parents d’Alex qui en font de même depuis la digue du port d’Horta. Le port est bondé de bateaux qui, comme nous, viennent de traverser l’atlantique. Nous nous amarrons à couple avec 2 autres bateaux, on coupe le moteur, saute sur le quai et nous nous tombons dans les bras ! On y est !

huile

Mer d'huile. C'est calme, c'est plat, ça fait du bien.

arrivee1

On arrive !!!!!!

arrivee2

Vite ! un steak !

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